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Ancienne lauréate
Prix postdoctoral Howard-Alper du CRSNG de 2005

Annick Gauthier

Biochimie

The University of British Columbia


Annick Gauthier
Annick Gauthier

Pendant son enfance passée dans la petite municipalité de Pincourt, au Québec, Annick Gauthier savait déjà que deux forces allaient orienter sa vie : sa fascination pour le fonctionnement du corps humain, en particulier celui des maladies, et son désir d’aider les gens. Elle a d’abord pensé devenir pathologiste, mais elle s’est vite rendu compte que le pathologiste arrive trop tard au cours de l’évolution des maladies. Elle voulait empêcher le développement des maladies, comprendre comment se produit le premier baiser mortel entre le pathogène et la cellule humaine avec un niveau de précision tel qu’elle pourrait faire obstacle à ces processus moléculaires.

« Je suis intéressée à comprendre ce qui arrive au niveau biochimique le plus fondamental. Si nous arrivons à savoir comment le virus de l’hépatite C, par exemple, utilise notre organisme pour se reproduire, nous pourrons alors ériger des barrages qui empêcheront le coupable d’agir », explique Mme Gauthier, lauréate du Prix postdoctoral Howard-Alper du CRSNG de 2005.

À la fin des années 1990, la passion de cette scientifique pour la biochimie des maladies l’a conduite à faire des recherches de doctorat au laboratoire du microbiologiste Brett Finlay, de l’University of British Columbia, chef de file mondial dans l’étude des interactions entre les bactéries et les cellules « hôtes » humaines. Mme Gauthier est arrivée à un moment palpitant. En effet, l’équipe du laboratoire de M. Finlay venait tout juste de faire une découverte clé au sujet de la bactérie entéropathogène E. coli, cause importante de diarrhée infantile, qui tue environ 100 000 enfants chaque année à l’échelle du globe.

Il est surprenant de constater que, contrairement à la plupart des bactéries, l’agent entéropathogène E. coli utilise une de ses propres protéines pour se fixer à une cellule hôte. C’est comme si on installait une porte et qu’on en avait la clé. Mme Gauthier vise à déterminer comment la bactérie insère cette protéine. Au terme de six années de recherche, elle a mis en évidence le fonctionnement d’un groupe de protéines bactériennes appelé système de type III, qui agit comme une voie ultrarapide pour livrer la protéine de fixation de la bactérie dans la cellule humaine en une seule étape. Cette découverte est stimulante, car le système de type III existe seulement chez les bactéries pathogènes et pourrait constituer une cible idéale pour les vaccins ou les antibiotiques.

Dans le cadre de ses travaux postdoctoraux, Annick Gauthier s’attaque présentement à un fléau encore plus coriace : le virus de l’hépatite C.

« Je veux utiliser ce que j’ai appris des bactéries et l’appliquer à la virologie. Je pense que cette approche offre une nouvelle perspective sur le problème, commente-t-elle depuis New York, où elle travaille au laboratoire de virologie de Charles Rice, chercheur de renommée internationale à la Rockefeller University. Les gens considèrent souvent le virus comme de la matière inerte, mais je pense qu’il existe une véritable interaction entre le virus et l’hôte. »

Environ 3 p. 100 de la population mondiale, soit le nombre impressionnant de 170 millions de personnes, y compris de nombreux Canadiens, est infectée par le virus de l’hépatite C. Il s’agit d’une infection chronique qui mène souvent à la cirrhose ou au cancer du foie. À l’heure actuelle, il n’existe aucun vaccin pour prévenir cette maladie, ni même une thérapie efficace pour la traiter.

Dans le cadre de sa deuxième année de recherches postdoctorales, Mme Gauthier concentre ses efforts pour comprendre comment un virus aussi simple – une chaîne d’ARN qui porte le code de dix protéines seulement – envahit la machine cellulaire de notre foie tout en déjouant nos défenses immunitaires. Elle met à profit son expérience avec E. coli pour s’intéresser à une protéine particulière nommée NS4B.

Elle soupçonne cette protéine de déclencher la création d’une structure semblable à un réseau qui se développerait dans les cellules hépatiques infectées. Et puisqu’elle a déjà déterminé que le virus ne peut pas se répliquer lorsque la protéine NS4B est éliminée expérimentalement, cette protéine pourrait également constituer une cible idéale pour des thérapies éventuelles.

Selon l’hypothèse de Mme Gauthier, la protéine NS4B interagirait avec les protéines des cellules hôtes pour créer ce réseau membraneux qui est le site de réplication du virus. La chercheuse souhaite donc découvrir comment la protéine NS4B procède.