Une étude de l’Université du Manitoba montre l’incidence des périodes de confinement liées à la COVID-19 sur la plupart des oiseaux d’Amérique du Nord

(Source de l'image : Ilya Povalyaev)

Lors des périodes de confinement imposées en raison de la COVID-19 l’année dernière, les médias ont fait écho à de nombreuses observations inusitées d’espèces sauvages. Ces observations étaient-elles dues à des modifications de l’activité humaine attribuables à la pandémie, ou cela semblait-il simplement être le cas? Un projet a été mis sur pied à l’Université du Manitoba (UM) pour répondre à cette question.

Nicola Koper (Ph. D.), professeure de biologie de la conservation à l’UM, a dirigé un groupe de spécialistes provenant de tout le Canada, des États-Unis et du Royaume-Uni pour déterminer si la baisse du trafic routier et aérien s’était traduite par une réduction des perturbations pour les oiseaux durant leur migration printanière, au début de la pandémie.

Dans l’ensemble du Canada et des États-Unis, des bénévoles ont communiqué plus de 4 millions d’observations concernant 82 espèces d’oiseaux, durant la pandémie et au cours des trois années qui l’ont précédée. Cette quantité phénoménale de données a permis à l’équipe de déterminer si les oiseaux étaient plus abondants durant la pandémie dans les milieux habituellement dominés par les humains – comme les villes et les secteurs proches des autoroutes et des aéroports – que durant les années ayant précédé la pandémie.

« La contribution d’un aussi grand nombre d’observateurs de la nature a été cruciale pour comprendre la façon dont les espèces sauvages réagissent à notre présence », a indiqué Michael Schrimpf (Ph. D.), stagiaire postdoctoral au Natural Resources Institute de l’UM et auteur principal de l’article publié dans la revue Science. « Les études comme celle-ci reposent sur la contribution de bénévoles, alors si vous aimez observer les espèces sauvages, il existe de nombreux projets, comme eBird et iNaturalist, qui peuvent bénéficier de votre aide. »

Les résultats de cette recherche sont étonnants. Presque toutes les espèces étudiées (80 %) ont changé leur utilisation des milieux modifiés par l’activité humaine durant la pandémie, et tous les types d’oiseaux, des buses aux colibris, ont été touchés.

« Durant la pandémie, l’abondance de nombreuses espèces dont nous nous soucions beaucoup a augmenté dans les milieux modifiés par les humains », explique Nicola Koper. « Et leur abondance a changé de façon considérable. »

L’abondance du Pygargue à tête blanche a augmenté dans les villes ayant adopté les mesures de confinement les plus strictes. La probabilité d’observer des Colibris à gorge rubis près des aéroports a triplé avec la pandémie. L’Hirondelle rustique, qui est une espèce menacée au Canada, a cessé d’éviter les routes durant la pandémie.

« J’ai été stupéfiée de voir le nombre d’espèces touchées par la baisse du trafic et des activités durant les périodes de confinement », ajoute Mme Koper.

Une baisse de l’utilisation des milieux modifiés par l’activité humaine durant la pandémie a été observée chez quelques espèces. Ainsi, l’abondance des Buses à queue rousse a diminué près des routes, peut être parce que moins d’animaux y ont été tués en raison de la diminution du trafic. Le nombre d’espèces ayant bénéficié des périodes de confinement est toutefois beaucoup plus important.

Ces observations donnent à penser que beaucoup d’oiseaux ont connu un répit important durant la pandémie. Elles nous aident aussi à comprendre comment nous pourrions créer un environnement plus durable pour les oiseaux à l’avenir. Mme Koper croit que si nous nous déplacions moins souvent en voiture et en avion ou que nous travaillions quelques jours par semaine à la maison, nous pourrions aider les oiseaux tout en améliorant la qualité de l’air, en atténuant les changements climatiques et en faisant économiser des frais de déplacement et de bureau aux entreprises.

« Cela montre que si nous décidions de changer certains de nos comportements, nous pourrions immédiatement améliorer notre environnement », souligne Mme Koper. « Et je crois que nous en profiterions aussi, car cela favoriserait la durabilité sur le plan environnemental, social et économique. »

Cette étude a été financée par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, avec une contribution en nature d’Environnement et Changement climatique Canada et du Cornell Lab of Ornithology.

Le présent article a été traduit et publié avec l’autorisation de l’Université du Manitoba.

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