CRSNG 2030 : Découverte. Innovation. Inclusion.


Des documents pour lancer les discussions

Appuyer la recherche et les chercheuses et chercheurs autochtones

Le présent document fait partie d’une série de documents de travail préparés par le personnel du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) pour stimuler la discussion dans le cadre de l’élaboration du Plan stratégique du CRSNG pour 2030. Les idées présentées dans ce document ne constituent pas des orientations stratégiques; elles visent plutôt à alimenter les discussions parmi les parties prenantes du CRSNG. Par ailleurs, la mise en œuvre des idées proposées ne nécessiterait pas de nouveau financement au titre des programmes et n’entrainerait pas de compressions dans les programmes en place.

Sur cette page


Contexte

Les chercheuses et les chercheurs d’identité autochtone (membres de Premières Nations, Inuits ou Métis) sont sous-représentés en sciences naturelles et en génie (SNG). La recherche qui est menée en collaboration avec les communautés autochtones ou sur des terres autochtones ou, encore, qui fait appel à des connaissances autochtones est insuffisamment reconnue, sous-évaluée, sous-financée et parfois réalisée d’une manière peu adaptée à la culture autochtone.

Au début de 2020, les trois organismes subventionnaires – à savoir le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) et les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) – ont publié un plan stratégique pour mettre en œuvre l’initiative Renforcer la capacité de recherche autochtone. Ce plan, intitulé Établir de nouvelles orientations à l’appui de la recherche et de la formation en recherche autochtone au Canada 2019–2022 (Comité de coordination de la recherche au Canada, 2019), donne suite au rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR) intitulé Honorer la vérité, réconcilier pour l’avenir (CVR, 2015) et à ses appels à l’action qui se rapportent à la recherche autochtone et à la formation des chercheuses et des chercheurs autochtones. Le CRSNG a effectué un travail préliminaire pour faire progresser les orientations énoncées dans le plan stratégique visant à renforcer la capacité de recherche autochtone. Il a conclu un protocole d’entente avec l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK) et élabore actuellement un plan de travail en collaboration avec cet organisme pour appuyer la mise en œuvre de la Stratégie nationale inuite sur la recherche. En outre, l’organisme collabore avec le CRSH et les IRSC pour faire progresser ces orientations par l’entremise de groupes de travail des trois organismes qui se penchent sur les obstacles administratifs, les pratiques exemplaires en matière d’évaluation, la conduite éthique et les possibilités de financement.

Toutefois, l’amélioration de l’appui à la recherche autochtone et à la formation des chercheuses et des chercheurs autochtones dans les domaines des SNG a été limitée comparativement à l’appui offert dans les domaines des sciences humaines et de la santé. Le CRSNG n’a pas encore adopté une définition de la notion de « recherche autochtone » dans le contexte des SNG. Il n’a pas non plus élaboré des lignes directrices complètes à l’échelle de l’organisme pour l’évaluation des demandes qui comportent des activités de recherche autochtone. En 2020, Wong, Ballegooyen, Ignace et coll. ont lancé dix appels à l’action s’adressant aux spécialistes des sciences naturelles au Canada en vue de permettre la réconciliation entre les Canadiennes et les Canadiens autochtones et non autochtones dans le cadre de leurs travaux. Le CRSNG reconnait qu’il est nécessaire et possible de définir clairement son rôle et ses intentions dans la réconciliation grâce à l’appui à la recherche.


Possibilités de faire progresser la recherche ainsi que les chercheuses et les chercheurs autochtones en sciences naturelles et en génie

Établissement de relations

Traditionnellement, les scientifiques occidentaux collaborent avec les communautés autochtones afin de les encourager à apprendre les systèmes scientifiques occidentaux et de promouvoir les intérêts occidentaux. À l’avenir, le CRSNG et le milieu de la recherche doivent reconnaitre que les communautés autochtones ont des méthodes uniques en leur genre en matière de recherche en sciences naturelles et en génie – des méthodes ancrées dans la relation unique que ces communautés entretiennent avec la nature. Pour assurer l’efficacité du partenariat entre, d’une part, le CRSNG et, d’autre part, les communautés ainsi que les chercheuses et les chercheurs autochtones, il est essentiel de reconnaitre cette réalité et de comprendre la façon d’appuyer ces méthodes.

Le CRSNG doit s’efforcer d’établir des relations directement avec les peuples et les communautés autochtones pour définir son propre rôle en tant qu’allié et faciliter l’élaboration conjointe des orientations stratégiques qui soutiendront le mieux les peuples autochtones et leurs priorités. Un volet fondamental de l’établissement de ces relations consiste à définir le rôle que le CRSNG peut et devrait jouer à l’appui des communautés autochtones, les mécanismes de mobilisation à utiliser et les outils qui seraient importants pour conclure de véritables partenariats. Ces rôles seront définis plus précisément au moyen d’une approche fondée sur les distinctions reconnaissant les priorités, les situations et les intérêts différents des communautés des Premières Nations, de la Nation métisse et des Inuits. Il est possible de tirer des enseignements des relations déjà établies (p. ex. réseau de centres d’excellence ArcticNet et Réseau canadien des montagnes) ainsi que du travail déjà accompli par le CRSH et les IRSC pour établir des relations dans leurs domaines d’intérêt. Les facteurs à considérer sont la collaboration avec les organes consultatifs en place (p. ex. Groupe de référence sur les bonnes pratiques d’évaluation par les pairs pour la recherche autochtone et futur comité consultatif sur le savoir autochtone dans les STIM, la collaboration avec les représentants politiques autochtones (p. ex. protocole d’entente avec l’ITK), l’analyse du rôle du CRSNG à l’appui de l’établissement de relations (p. ex. soutien à l’étape préalable à la recherche ou à celle du suivi de la recherche) ainsi que la création de l’expertise et des capacités dont l’organisme aura besoin pour soutenir ces relations.

Afin de comprendre la portée des relations que le CRSNG devrait favoriser, on doit définir la recherche autochtone dans le contexte des SNG. Il faudra notamment élargir le concept de la recherche au-delà des systèmes de connaissance occidentaux pour inclure les types de recherche non occidentaux et les modes de connaissance autochtones. Nous savons que la recherche autochtone doit être ancrée dans le savoir autochtone et s’en inspirer. Ce savoir se fonde sur la dépendance très particulière des communautés autochtones envers la nature. Cette relation de dépendance comporte un lien spirituel avec la nature qui est empreint d’un profond sens des responsabilités. Le savoir autochtone et, par conséquent, la recherche autochtone en SNG doivent être ancrés dans cette perspective et s’en inspirer. Si le CRSNG souhaite positionner fermement la recherche autochtone au sein de son propre écosystème de recherche, il est important de tenir compte du concept du double regard, qui intègre les modes de connaissance autochtones et occidentaux (p. ex. Joe-Strack, Davey et Vernon, 2021).

Compte tenu du concept unique de la recherche autochtone en SNG, il faut élaborer des mécanismes pour financer directement les travaux au bénéfice des chercheuses et chercheurs, des étudiantes et étudiants et des stagiaires postdoctoraux autochtones. L’établissement de mécanismes de soutien qui reflètent leurs besoins au sein des établissements postsecondaires permettra de rehausser leur niveau de participation. À l’inverse, le soutien des chercheuses et chercheurs, des étudiantes et étudiants et des stagiaires postdoctoraux autochtones à l’extérieur de ces établissements et dans des contextes qui reflètent mieux la relation unique que les communautés autochtones entretiennent avec la nature constitue aussi un volet important de la réalisation et du renforcement des avantages et des retombées de la recherche autochtone.

Appui aux priorités de recherche autochtones

Le rôle du CRSNG à l’appui de la recherche ainsi que des chercheuses et des chercheurs autochtones commence par la mise en place d’un système dans lequel les décisions d’investissement cadrent clairement avec les priorités de recherche définies par les communautés ainsi que par les chercheuses et les chercheurs autochtones. L’atteinte de cet objectif en partenariat avec les communautés autochtones suppose la prise en compte de nouvelles possibilités de financement et l’accès aux programmes en place – depuis l’établissement du plan de recherche jusqu’à la présentation de la demande d’aide financière, en passant par l’évaluation et la prise des décisions de financement, l’évaluation de la recherche et les résultats des programmes. Un élément fondamental de ces questions tient à la nécessité de recadrer l’excellence en recherche pour évaluer comme il se doit la recherche autochtone ainsi que les approches, les méthodes et les retombées qui lui sont propres.

Guidé par le plan stratégique visant à renforcer la capacité de recherche autochtone, le CRSNG collabore avec les deux autres organismes subventionnaires pour éliminer les obstacles administratifs, concevoir des possibilités de financement et élaborer des méthodes appropriées et des orientations pour l’évaluation de la recherche autochtone par les pairs. Il y a beaucoup à apprendre des initiatives en place, comme le programme Discovery Indigenous du Australian Research Council. Mentionnons également les organismes sans but lucratif qui, comme les Friends of the British Columbia Archives, financent les personnes s’identifiant comme autochtones ou les organisations dont la mission consiste à servir leurs intérêts.

Le rôle que joue le CRSNG dans l’administration du Programme d’innovation dans les collèges et la communauté lui offre une possibilité exceptionnelle de tirer parti de l’apprentissage et de la recherche qui se font souvent dans des régions éloignées et en étroite collaboration avec les communautés autochtones. En outre, le taux d’obtention des diplômes collégiaux pour les étudiantes et les étudiants autochtones correspond à la moyenne nationale (23 %). Par contre, pour les diplômes de premier cycle, leur taux d’obtention (11 %) est bien inférieur à la moyenne nationale (29 %).

Au cours de ce processus, les priorités en recherche autochtone doivent englober des priorités pour toutes les personnes qui s’identifient comme autochtones et des priorités propres aux différentes communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis, sans oublier celles des femmes autochtones, des personnes LGBTQ2+, des personnes handicapées et d’autres personnes ayant des identités croisées.

Renforcement des capacités

Pour qu’un changement durable s’opère dans la recherche en SNG, il sera possible d’appuyer la population qui est la plus jeune et connait la croissance la plus rapide au Canada en suscitant l’intérêt des Autochtones pour les SNG et leur participation dans le domaine. Il faut envisager un soutien à tous les égards, en commençant par la sensibilisation et la mobilisation des jeunes. Pour mettre en place des moyens d’appuyer les universitaires autochtones tout au long de leur carrière, il faut notamment leur offrir un mentorat et un soutien adaptés à leur culture et explorer des possibilités à offrir aux étudiantes et étudiants ainsi qu’aux chercheuses et chercheurs de faire eux-mêmes de la sensibilisation, de devenir des modèles au sein de leur communauté et de participer à la recherche axée sur la communauté. On doit également reconnaitre les intérêts de chaque personne et veiller à ce que le soutien ne soit pas assorti d’attentes ou d’exigences plus élevées pour les universitaires autochtones que pour leurs pairs.

Le renforcement des capacités requiert également une plus grande reconnaissance du fait que la science occidentale a besoin de capacités accrues en ce qui a trait aux approches autochtones à l’égard des SNG. Le rôle du CRSNG pourrait comporter un volet rassembleur, la promotion de l’éducation portant sur les principes de l’éthique de la recherche, du traitement des données (Les principes de PCAP des Premières Nations [propriété, contrôle, accès et possession]) et du concept du double regard ainsi que l’appui aux pratiques exemplaires ou aux approches axées sur les réseaux pour favoriser la mobilisation et la réciprocité dans la recherche. Son rôle pourrait aussi consister à renforcer la capacité des établissements postsecondaires d’accueillir et d’appuyer la recherche dirigée par des Autochtones.

Enfin, le renforcement des capacités est un élément important au sein du CRSNG. Le soutien de la recherche autochtone suppose une prise de conscience culturelle et la représentation des perspectives et des priorités autochtones grâce à la formation ainsi qu’à l’embauche et à l’avancement professionnel.

Si l’on accorde la priorité à l’inclusion de la recherche ainsi que des chercheuses et des chercheurs autochtones, le milieu des sciences et du génie tout entier en bénéficiera, car nous acquerrons collectivement une compréhension plus globale des obstacles de plus en plus nombreux auxquels nous nous heurtons, entre autres dans les domaines du changement climatique, du génie de l’environnement et de la gestion des ressources. Alors même que le CRSNG collabore avec les peuples et les communautés autochtones pour établir des relations, créer des mécanismes de soutien de la recherche autochtone et renforcer les capacités, il espère mener à bien son mandat en appliquant les principes d’une recherche utile, réciproque, respectueuse et responsable dans le contexte d’un véritable partenariat avec les communautés autochtones.


Questions à aborder

  • Pour que le CRSNG intègre pleinement la recherche autochtone ainsi que le contexte et les concepts connexes, quels sont les jalons les plus importants à atteindre d’ici dix ans?
  • Y a-t-il des possibilités qui passent inaperçues? Existe-t-il des mesures ayant un effet transformateur plus puissant sur lesquelles le CRSNG devrait concentrer ses efforts?
  • Comment le CRSNG devrait-il faire participer les communautés autochtones en tant que partenaires à part entière contribuant à l’élaboration et à la mise en œuvre du plan stratégique?
  • Quel est le rôle du CRSNG dans le soutien de la recherche ainsi que des chercheuses et des chercheurs autochtones? À quels égards ce rôle va-t-il au-delà de l’administration du financement de la recherche?
  • Quels risques le CRSNG devrait-il prendre en compte dans la mise en œuvre du plan stratégique? Quelles mesures d’atténuation pourraient être appropriées?

Références

Comité de coordination de la recherche au Canada. Établir de nouvelles orientations à l’appui de la recherche et de la formation en recherche autochtone au Canada 2019–2022, 2019. En ligne : https://www.canada.ca/content/dam/crcc-ccrc/documents/strategic-plan-2019-2022/sirc_strategic_plan-fra.pdf.

Commission de vérité et réconciliation du Canada. Honorer la vérité, réconcilier pour l’avenir : Sommaire du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, 2015. En ligne : https://publications.gc.ca/collections/collection_2016/trc/IR4-7-2015-fra.pdf.

Joe-StrackD.J., T. Davey et M. Vernon. Two-eyed seeing research program established in Yukon, Yukon University, 2021. En ligne : https://www.yukonu.ca/news/202106/two-eyed-seeing-research-program-established-yukon (consulté le 9 septembre 2021).

Ministère des Affaires autochtones. Financement du développement économique autochtone, gouvernement de l’Ontario, 2021. En ligne : https://www.ontario.ca/page/funding-indigenous-economic-development (consulté le 1er septembre 2021).

University of Guelph. « Indigenous research lab to be established in U of G Arboretum », U of G News, 2021. En ligne : https://news.uoguelph.ca/2021/08/u-of-g-to-establish-permanent-indigenous-research-lab-in-arboretum/ (consulté le 1er septembre 2021).

Wong, C., K. Ballegooyen, L. Ignace, M.J. Johnson et H. Swanson. « Towards reconciliation: 10 Calls to Action to natural scientists working in Canada », FACETS, vol. 5, no 1 (2020), p. 769–783. En ligne : https://doi.org/10.1139/facets-2020-0005.

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