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Ancien lauréat
Prix postdoctoral Howard-Alper du CRSNG de 2001

Glenn Tattersall

Zoologie

The University of British Columbia


Lorsque l'auteure Margaret Atwood a écrit que la survie est au cœur des préoccupations des Canadiens, elle était loin de connaître la nature des travaux menés par Glenn Tattersall sur les grenouilles du Canada. Il est difficile de s'imaginer dans une situation plus périlleuse que celle de se trouver emprisonné pendant tout un hiver canadien sous la glace d'un étang en compagnie d'une multitude de prédateurs affamés.

Ces amphibiens coassants sont de véritables héros de survivance des milieux sauvages. M. Tattersall a remporté le Prix postdoctoral Howard-Alper, décerné pour la première fois cette année, pour avoir aidé à élucider la façon dont ces batraciens réussissent à accomplir cet incroyable exploit physiologique.

« Mes travaux ont toujours été motivés par le désir de comprendre comment les êtres vivants s'adaptent aux perturbations environnementales », a déclaré M. Tattersall, qui est titulaire d'une bourse postdoctorale au Département de zoologie de la University of British Colombia.

Son intérêt soutenu envers ce domaine l'a amené à étudier des sujets typiquement canadiens comme l'hypothermie et l'hibernation. Au fil de ses travaux, il change la façon dont les scientifiques considèrent ces états physiologiques — un changement de conception qui se répercute de l'étang à la table d'opération.

Lorsqu'il menait ses recherches sur les grenouilles dans le cadre de ses études de doctorat à la Cambridge University, M. Tattersall a métaphoriquement rompu la glace pour dévoiler au grand jour ces grenouilles, ces astucieux survivants de l'hiver.

« J'ai réussi à établir que les amphibiens sont capables pendant l'hiver de prendre des "décisions" même s'ils se trouvent manifestement dans un état de torpeur. Cette découverte va à l'encontre des croyances populaires selon lesquelles ils s'enfouissent sous la boue et attendent la fin de l'hiver », a précisé M. Tattersall.

Son expérience très élaborée — dans le cadre de laquelle il a construit un grand bassin qui lui a permis d'effectuer un suivi électronique des grenouilles selon un gradient de température - lui a valu le prix remis à un étudiant par la Société canadienne de zoologie en 1996 pour la meilleure innovation technique issue d'une expérience physiologique.

La recherche a permis de démontrer que ces grenouilles dont la température atteint presque le point de congélation peuvent déployer considérablement d'efforts; un euphémisme à vrai dire dans le jargon scientifique puisque ces efforts peuvent se traduire par de vigoureux mouvements de pédalage pour éviter d'être dévorées.

M. Tattersall a déterminé que la principale adaptation écologique des grenouilles est l'hypothermie comportementale provoquée par l'hypoxie (faible quantité d'oxygène) : en d'autres termes, les grenouilles se dirigent volontairement dans les zones les plus froides pour ralentir leur métabolisme. Il est en outre d'avis que les grenouilles se servent de cette technique pour se rétablir des efforts déployés en cas de dangers et pour résister à l'hypoxie en tant que telle.

M. Tattersall s'affaire maintenant à comprendre quelles voies chimiques et neurologiques précises sont à l'origine de l'hypothermie provoquée par une faible quantité d'oxygène, y compris chez les êtres humains et autres primates.

« On s'intéresse beaucoup à la valeur thérapeutique de l'hypothermie en chirurgie et si l'on parvenait à comprendre comment se produit cette hypothermie naturelle, il serait possible de concevoir des méthodes pharmacologiques pour provoquer cette réaction », a souligné M. Tattersall.

Ainsi, lorsque les grenouilles se rendent à l'étang pour hiberner, elles emportent avec elles leurs précieux secrets chimiques qui renferment peut-être la solution à la survie des êtres humains allongés sur la table d'opération.