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Ancien lauréat
Médaille d'or Gerhard-Herzberg en sciences et en génie du Canada de 2001

David Schindler

Biologie

University of Alberta


David Schindler
David Schindler

Les détergents que nous utilisons pour la vaisselle et la lessive ne seraient pas les mêmes sans David Schindler puisque c'est grâce à lui s'ils ne contiennent plus de phosphates. Voilà qui illustre brillamment comment les travaux avant-gardistes menés par ce vétéran de la recherche limnologique ont contribué à modifier considérablement des politiques gouvernementales, et ce, pour le bénéfice de l'environnement et des populations du monde entier.

Dans les années 1960, il y a eu un vaste débat scientifique sur la cause de l'eutrophisation rapide des lacs d'Amérique du Nord et d'Europe. L'eutrophisation est la surfertilisation des lacs en nutriments provenant de sources humaines telles que les eaux usées et les engrais agricoles. Le résultat le plus évident de ce phénomène est la croissance abondante et rapide des plantes aquatiques et le changement dans la population animale lacustre.

Alors qu'il était âgé d'environ 30 ans, David Schindler a fait œuvre de pionnier en menant des expériences à la grandeur des lacs pour déterminer que le phosphore – plutôt que le carbone, comme plusieurs chercheurs le pensaient – était le facteur clé de la régulation de l'eutrophisation. Ces expériences en écosystème global ont été menées au centre Experimental Lakes Area (ELA), situé près de Kenora, dans le nord-ouest de l'Ontario, aujourd'hui mondialement connu, qu'il a fondé en 1968 et dirigé pendant 22 ans.

Une photographie aérienne, prise par le scientifique et reproduite en 1974 dans un numéro de la revue Science, montrait le contraste en qualité de l'eau entre deux parties d'un lac en forme d'haltères, soit une section traitée au carbone, à l'azote et au phosphore, et l'autre, avec du carbone et de l'azote seulement. Cette photographie a joué un rôle crucial dans le débat sur l'utilisation du phosphore dans les détergents.

Ce débat a non seulement obligé les décideurs d'Amérique du Nord et d'Europe à modifier leurs règlements afin d'éliminer les phosphates dans les détergents et entraîné la création de centaines d'installations de traitement des eaux usées, mais a aussi mené à l'avènement d'une nouvelle ère de recherche en écosystème global.

Par la suite, David Schindler a étendu sa recherche à l'ensemble des lacs pour démontrer les effets de ce qui est devenu un enjeu environnemental important dans les années 1980 : les pluies acides. Au milieu des années 1970, avant que l'acidification des lacs ne soit officiellement considérée comme un problème, il a démontré expérimentalement que même une faible acidification d'un lac attribuable à un dépôt d'oxyde de soufre atmosphérique entraînait d'importantes pertes sur le plan de la biodiversité.

On considère que les nombreuses recherches qu'il a effectuées dans l'ensemble des lacs au cours de cette période ont eu comme conséquence directe de limiter les émissions d'oxyde de soufre à l'échelle mondiale et d'amener le Canada et les États-Unis à conclure une entente sur le transport à grande distance des polluants atmosphériques.

Ses plus récentes recherches ont montré l'impact cumulatif que le réchauffement global, l'acidification et la baisse de l'ozone ont sur la vie des lacs boréaux. Grâce aux données de référence à long terme recueillies à l'ELA, il a montré que le réchauffement global et la sécheresse ont des incidences graves, jusqu'ici peu connues, sur la physique, la chimie et la biologie des lacs.