Université Laval
L’hiver, nous nous prémunissons contre la grippe en nous inoculant le virus en quantité tout juste suffisante pour que notre corps développe une immunité. Or, il semble que les bactéries qu’abrite notre corps aient créé un outil pour faire la même chose lorsqu’elles sont attaquées par des virus appelés phages. Les scientifiques du monde entier s’inspirent aujourd’hui de ce mécanisme d’immunité microscopique pour réaliser des percées incroyables en recherche génétique.
Le chercheur de l’Université Laval Sylvain Moineau joue un rôle de premier plan dans le cadre d’une collaboration internationale qui a permis de mettre au jour un système immunitaire adaptatif appelé CRISPR-Cas (Clustered, Regularly Interspaced, Short Palindromic Repeats ou courtes répétitions palindromiques regroupées et régulièrement espacées), qu’on trouve dans environ la moitié des bactéries. L’équipe de M. Moineau a montré que les bactéries utilisent ce système pour se défendre contre l’ADN des phages en produisant une cassure double-brin précise. Voici comment cela fonctionne : quand un phage attaque une bactérie, celle-ci s’empare d’une petite portion de l’ADN de son assaillant pour la garder en mémoire et développer une immunité. Ainsi, si le phage attaque de nouveau, la bactérie dispose de tous les renseignements dont elle a besoin pour repousser l’infection.
Les travaux révolutionnaires de M. Moineau ont amené d’autres chercheurs à créer des technologies à partir du système CRISPR-Cas, qui est considéré comme « le saint graal du génie génomique » et qui a depuis été adopté par des milliers de laboratoires dans le monde. Grâce aux découvertes faites par M. Moineau et son équipe, les scientifiques sont en mesure de modifier les plus petits éléments de la vie afin de trouver des solutions à certains des problèmes les plus pressants dans le monde. Ainsi, le système CRISPR-Cas est entre autres utilisé pour modifier génétiquement les cultures afin qu’elles résistent aux sècheresses et qu’elles donnent un meilleur rendement. Il est aussi utilisé pour étudier les cellules humaines et repérer les gènes qui régissent certains processus biologiques – une étape cruciale au moment d’isoler les facteurs qui déclenchent des affections importantes telles que le cancer et les maladies infectieuses.