Établir des liens entre les connaissances traditionnelles et le tableau périodique des éléments
Plusieurs organisations et responsables de programmes d’éducation travaillent ensemble pour établir des liens qui aident les étudiantes et les étudiants issus des Premières Nations, métis et inuits à se reconnaitre dans le monde scientifique. Cette initiative vise à créer un modèle permettant aux organisations, aux établissements d’enseignement et à l’industrie des STIM de s’associer avec les membres des communautés autochtones locales afin de créer un monde dans lequel les étudiantes et étudiants autochtones se reconnaissent et où ils peuvent être ce qu’ils sont par rapport aux sciences. L’initiative a également pour objectif de réunir les gardiennes et gardiens du savoir traditionnel autochtone et les scientifiques autochtones de tous les domaines scientifiques autour de discussions qui permettront de les conscientiser aux relations des autochtones avec les éléments du tableau périodique.
À propos de l’initiative
Les responsables de nombreux programmes de science, de technologie, d’ingénierie et de mathématique (STIM) cherchent à accroitre l’inclusion et la participation des étudiantes et étudiants issus des Premières Nations, métis et inuits. Toutefois, les méthodes éducatives couramment utilisées dans ces domaines intègrent rarement le point de vue culturel des communautés autochtones et ne reflètent pas leur compréhension traditionnelle du monde. Il s’agit là d’un obstacle important au succès dans le domaine.
Au cours de l’été 2021, des membres de l’équipe de promotion des sciences au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRNSG) et de l’équipe de l’éducation au Centre canadien de rayonnement synchrotron (CCRS) ont vu une occasion de collaborer pour élaborer un outil pédagogique qui présente des connaissances traditionnelles en parallèle avec une information scientifique normalisée. Après une série de discussions, ils ont conclu que le concept d’un tableau périodique des éléments autochtone interactif était le plus prometteur pour servir de ressource pédagogique.
Pour explorer l’intérêt suscité par leur concept, le CRSNG et le CCRS ont tenu conjointement, durant la Semaine de la culture scientifique, un atelier réunissant onze personnes gardiennes des connaissances traditionnelles, scientifiques et spécialistes de l’enseignement autochtones.
Pendant deux jours, le groupe a assisté à des présentations qui ont fait plonger ses membres dans les récits qui se cachent derrière certains éléments du tableau périodique. Un scientifique du CCRS a animé la démonstration en direct d’une analyse d’échantillons de petits fruits faisant appel au seul synchrotron canadien et révélé les éléments qui entrent dans leur composition. Des membres ont aussi donné des conseils sur les façons d’adapter l’éducation scientifique aux cultures et aux langues autochtones et animé des discussions portant sur le contenu qui devrait figurer dans un éventuel tableau des éléments autochtone en citant des exemples de récits traditionnels associés à certains des éléments périodiques.
Images fournies par Anne Mack et Brittany Morgan
À la fin de l’atelier, les personnes participantes ont chaudement appuyé la proposition. En plus d’être favorables à la poursuite de l’élaboration d’un tableau des éléments autochtone, elles ont encouragé le CRSNG et le CCRS à élargir la portée du projet pour permettre aux communautés autochtones du monde entier de l’adapter.
Membres du groupe
*personnes gardiennes des connaissances traditionnelles
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*Joan Lavalle
AinéeJoan Lavalle, ainée crie et survivante du système des pensionnats indiens, se dévoue depuis nombre d’années au service des détenues autochtones. Elle a milité pour la création de mécanismes de soutien culturel et affectif à l’intention des femmes prises en charge par le système de justice pénale à la Prison des femmes de Kingston et aux centres correctionnels de Pine Grove et de Prince Albert et a contribué à l’établissement de liens entre ces différents mécanismes. En outre, Mme Lavalle participe aux mouvements de défense des droits autochtones au Canada. En raison de son expérience, elle est sollicitée pour contribuer à l’orientation d’organisations comme l’Association des femmes autochtones du Canada.
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*Lynn Lush
Intervenante pivot, Apprentissage autochtone inspiré de la terre, Monde des sciences Telus d’EdmontonLynn Lush, dont le nom autochtone – Ozhaawashko binesi ikwe – signifie « femme oiseau-tonnerre bleu », est originaire du Manitoba, mais elle a grandi en Colombie-Britannique au sein de sa famille adoptive. À l’âge de 13 ans, cette survivante du système des pensionnats indiens et de la rafle des années 1960 a entrepris un périple pour redécouvrir ses racines traditionnelles. L’ainé Albert Lighting, en Alberta, et plusieurs ainés du Manitoba, de la Nouvelle-Écosse et de la Colombie-Britannique lui ont transmis leur savoir.
Mme Lush, qui vit à Edmonton depuis dix ans, est très active au sein d’organisations autochtones. Elle aime enseigner et partager ses connaissances avec les élèves et les autres personnes qui s’intéressent à la culture autochtone. Artisane accomplie, elle enseigne la fabrication d’objets d’artisanat en écailles de poissons, de capteurs de rêves, de sacs de plantes médicinales et de jupes à rubans. Elle possède aussi des connaissances ancestrales dans le domaine des remèdes traditionnels.
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*Anne Mack (Wii-tsuts-koom)
tyee ha’wilth (chef héréditaire), Nation ToquahtTitulaire d’un baccalauréat ès arts spécialisé en sociologie et en anthropologie de la Simon Fraser University, Anne Mack est chef héréditaire du gouvernement de sa nation. Elle a été désignée dans ce rôle par son défunt père, le chef Bert Mack (Deets-kee-sup) en janvier 2009. Mme Mack a six magnifiques filles et sept petits-enfants.
Mme Mack a une passion pour sa langue traditionnelle et travaille avec son groupe de langue afin de produire des ressources linguistiques à utiliser en classe. Elle milite pour la numérisation de la langue en vue de sa préservation, d’une manière adaptée à la culture, ainsi que pour la création d’une ressource durable et accessible à l’intention de tous les membres de la communauté.
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*Dr. Myrle Ballard, Ph.D.
Professeure adjointe et chercheuse autochtone, Département de chimie, Faculté des sciences, Université du ManitobaMyrle Ballard est titulaire d’un doctorat en gestion des ressources naturelles et de l’environnement. Elle assume actuellement les fonctions de directrice des sciences autochtones à Environnement et Changement climatique Canada; elle est aussi professeure adjointe et chercheuse autochtone à la Faculté des sciences de l’Université du Manitoba. Mme Ballard est Anishinaabe de la Première Nation de Lake St. Martin. Ses travaux actuels portent sur l’utilisation de la terminologie de la langue anishinaabemowin dans le domaine de la biosurveillance aquatique. Myrle Ballard a recours à une approche à double, voire à triple perspective. Elle a étudié et documenté les inondations et l’injustice environnementale qui touchent le territoire ancestral de la Première Nation de Lake St. Martin et a travaillé au sein d’organismes des Nations Unies dans les domaines de la diversité biologique et des peuples autochtones. Mme Ballard est membre du Sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Elle a été conseillère auprès du Comité consultatif sur les réserves écologiques, au Manitoba, et a siégé à la Commission de protection de l’environnement de la province. Mme Ballard a également été membre du conseil d’administration de l’Office régional de la santé de Winnipeg.
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Dennis Ballard, B.Sc.
Dirigeant du programme Wawatay, Université du ManitobaDennis Ballard, de la nation crie d’Opaskwayak, a acquis une vaste expérience dans les domaines de l’éducation, de l’environnement et de la santé comme chercheur, coordonnateur de programmes et analyste des politiques. Il travaille actuellement dans le domaine de la formation et de l’éducation postsecondaires. Depuis le début de sa carrière, M. Ballard travaille principalement à déterminer les besoins en matière d’éducation et de formation des 63 communautés des Premières Nations du Manitoba et à y répondre. Après avoir travaillé dans l’industrie de la construction, il a obtenu un baccalauréat en sciences spécialisé en géographie et en sciences environnementales.
Au fil des ans, M. Ballard a siégé à différents conseils d’administration, entre autres ceux de Manitobans for Human Rights (vice-président), de l’organisme 50 by 30 (membre du comité directeur), de la clinique Mount Carmel (membre du comité des finances) et du groupe de mobilisation locale en santé de Point Douglas.
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Laura Brandon
Conseillère, Première Nation de WaywayseecappoAprès avoir terminé en juin 2012 son baccalauréat ès arts spécialisé en anthropologie, en archéologie et en études autochtones, Laura Brandon a obtenu un baccalauréat en éducation de la University of Brandon. Cette enseignante a été élue conseillère de sa communauté de la Première Nation de Waywayseecappo. Elle est née à Brandon, mais a passé son enfance principalement au sein de sa première nation, à savoir une communauté anishinaabe établie au nord-ouest de sa ville natale. Mme Brandon est d’origine anishinaabe et métisse. L’un de ses grands-pères parlait couramment le mitchif et le français. Un autre grand-parent maîtrisait la langue anishinaabe; un troisième parle encore couramment cette langue. Trois de ses grands-parents ainsi que sa mère ont résidé dans des pensionnats indiens, et cette expérience est encore marquante aujourd’hui dans la vie de Mme Brandon, de ses enfants et de ses petits-enfants. Mme Brandon se laisse guider par sa passion pour les connaissances traditionnelles, l’apprentissage de la langue anishinaabe et la création de milieux éducatifs favorables où les élèves peuvent exceller.
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Wendy Gervais, B.Ed.
Directrice régionale, Région 3, Nation métisse de la SaskatchewanWendy Gervais, fille d’Arnold (Max) et de Loretta Gervais, est née à Regina et y a passé son enfance avec ses six frères et sœurs. Cette fière Métisse incarne des valeurs ancrées dans ses racines métisses, qui s’étendent de la rivière Rouge jusqu’au nord de la Saskatchewan. Mère célibataire, Mme Gervais a inculqué ces valeurs à son fils pour assurer la transmission non seulement de la culture métisse, mais aussi des valeurs qui en font partie intégrante. Elle aime s’amuser et profiter de la vie.
Mme Gervais, qui enseigne le mitchif (langue métisse) à la Saskpolytech, à Regina, y donne actuellement les cours d’études sociales 10 et 30 et d’études autochtones 30. Elle possède une vaste expérience de l’élaboration et de la mise en œuvre de programmes éducatifs et communautaires dans une perspective autochtone. Mme Gervais a enseigné pendant 20 ans à la division scolaire catholique de Regina, où elle a collaboré à de nombreuses initiatives faisant la promotion des perspectives autochtones dans les programmes d’études. En collaboration avec le bureau du commissaire aux traités, elle a élaboré et mis en œuvre la trousse d’enseignement des traités destinée aux classes de la maternelle à la 6e année. Ces ressources pour les enseignants sont maintenant à la disposition de toutes les écoles primaires et secondaires de la Saskatchewan. Mme Gervais continue de s’engager auprès des peuples autochtones et maintient des liens avec ses racines grâce à son engagement communautaire. Ainsi, elle a été directrice d’ANHTA (All Nations Healin’ Thru Artz), programme parascolaire s’adressant aux jeunes Autochtones, et a siégé comme représentante de la communauté au sein du Circle of Voices (comité consultatif autochtone de la division scolaire catholique de Regina). Plus récemment, elle a été réélue pour un deuxième mandat de quatre ans comme représentante régionale de la Nation métisse de la Saskatchewan. C’est dans ce rôle qu’elle peut vivre sa passion pour l’avancement des Métis de la province. Enfin, Mme Gervais enseigne l’histoire du mitchif, dont elle est une fervente partisane.
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Brittany Morgan, MPH
Coordinatrice de la participation communautaire, projet Silent Genomes, University of VictoriaBrittany Morgan a obtenu en septembre 2020 à la University of Victoria une maitrise en santé publique axée sur la santé des peuples autochtones. Elle est membre des nations Nuu-chah-nulth et Secwépemc, mais a passé son enfance juste à l’extérieur des terres ancestrales de ces nations, le long de la côte ouest de l’ile de Vancouver. Mme Morgan est la benjamine des six filles de la chef Anne Mack.
Mme Morgan travaille avec passion directement auprès des communautés et des nations autochtones pour améliorer la recherche sur la santé des Autochtones et les politiques dans le domaine. Ses travaux de recherche portent principalement sur la gouvernance des données relatives aux Autochtones, les déterminants sociaux de la santé et l’équité en matière de santé. Mme Morgan se fait un plaisir d’entrainer sa mère dans son monde de recherche et de science chaque fois qu’elle le peut.
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Bernie Petit (animatrice)
Coordonnatrice des programmes autochtones au Centre canadien de rayonnement synchrotronBernie Petit travaille au Centre canadien de rayonnement synchrotron en tant que coordonnatrice des programmes autochtones. Elle tisse les connaissances traditionnelles anishinaabe et cries qu’elle tient de sa famille élargie et l’expérience qu’elle a acquise en tant que directrice des programmes de santé et directrice des opérations pour les Premières Nations pour concevoir des projets de recherche scientifique originaux et des ressources pédagogiques pour les organisations des Premières Nations, des Métis et des Inuits. Mme Petit crée des projets de recherche ancrés dans le territoire qui tirent parti du seul synchrotron au Canada pour permettre aux étudiantes et étudiants autochtones de découvrir comment les connaissances traditionnelles peuvent mener à une carrière en recherche.
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Dawn Pratt, M.Sc.
Propriétaire, AskenootowMembre de la nation Muscowpetung Anihsinapek, Dawn Pratt est devenue au cours des 20 dernières années une spécialiste de l’enseignement des STIM auprès des Autochtones et a établi une entreprise de services-conseils professionnels. Elle est titulaire d’une maitrise en sciences de la University of Saskatchewan, avec spécialisation en conception de matériaux adsorbants organiques destinés à éliminer l’arsenic de l’eau contaminée. Forte d’une vaste expérience de la conception et de l’exécution de programmes de STIM pour les jeunes et jeunes adultes autochtones, Mme Pratt a participé activement aux programmes MentorSTEP et Science Ambassador de la University of Saskatchewan. Elle est foncièrement déterminée à intégrer les enseignements des ainées et ainés et des personnes gardiennes du savoir autochtones dans l’enseignement des STIM afin de bâtir un meilleur avenir pour les peuples autochtones.
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Summer Sigaty
Spécialiste de l’éducation autochtone, Monde des sciences Telus d’EdmontonSummer Sigaty, qui est née et a passé son enfance à Edmonton, a obtenu en mai 2020 un baccalauréat en sciences environnementales de la Concordia University of Edmonton. Cette mère, citoyenne métisse et éducatrice en dehors du milieu scolaire travaille depuis décembre 2020 comme spécialiste de l’éducation autochtone au Monde des sciences Telus d’Edmonton. Elle se passionne pour le travail auprès des enfants et l’intégration des connaissances traditionnelles dans l’enseignement des sciences. En dehors de ses heures de travail, Mme Sigaty pratique des activités de plein air en famille et elle fait du jardinage et de la broderie perlée.