L’épuisement par la chaleur plus susceptible de toucher les athlètes olympiques prenant de la nicotine

Portrait de Toby Mundel devant des fenêtres.
(Crédit photo : Brock University)

Athlètes olympiques qui consommez de la nicotine, faites attention.

Une nouvelle étude dirigée par la Brock University a permis de conclure que la consommation de nicotine sous toutes ses formes — par la cigarette, les gommes, le vapotage et même les timbres — accroit le risque d’épuisement par la chaleur lors d’un exercice physique intense, surtout dans un environnement chaud.

La dernière étude (en anglais seulement) du professeur de kinésiologie Toby Mündel, de la Brock University, réalisée avec une équipe de recherche internationale, parait quelques jours seulement avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’été de 2024 à Paris. Les conclusions sont d’autant plus pertinentes que des travaux précédents de M. Mündel avaient révélé un taux élevé de consommation de nicotine (en anglais seulement) chez les athlètes d’élite.

« Il faut aussi noter que les changements climatiques ont exacerbé les températures estivales dans l’hémisphère nord », ajoute le chercheur, qui est aussi titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les environnements humains extrêmes (en anglais seulement).

Il rappelle que les derniers Jeux olympiques d’été, à Tokyo (au Japon), « ont été les Jeux olympiques tenus dans les conditions les plus chaudes et humides enregistrées », et que les prochains Jeux à Paris risquent bien de battre ce record.

Le fait d’organiser les Jeux olympiques en milieu urbain — où on trouve peu d’espaces verts et beaucoup d’asphalte et de béton, qui absorbent la chaleur — accroit le risque d’épuisement par la chaleur pour les athlètes et le public.

M. Mündel et son équipe cherchaient à déterminer si la nicotine provoquait une augmentation de la température corporelle (mesurée par la température du système gastro-intestinal), principalement en stimulant le métabolisme ou en réduisant le flux sanguin vers la peau.

À la lumière d’études montrant que les gens tendent à prendre du poids lorsqu’ils arrêtent de fumer, l’équipe a déterminé que « la nicotine semble accroitre le taux métabolique d’une personne, ce qui se traduit par une hausse du nombre de calories dépensées. »

D’autres études ont aussi permis d’établir que la nicotine provoquait une constriction des vaisseaux sanguins, réduisant ainsi le flux sanguin vers la peau. Or, c’est la circulation périphérique qui permet au corps de libérer de la chaleur et qui fournit le liquide nécessaire à la transpiration; quand le flux sanguin vers la peau est restreint, le corps peut surchauffer, explique M. Mündel.

Les dix participants à l’étude, des hommes qui n’avaient jamais pris de nicotine, ont porté un timbre de nicotine pendant une nuit, puis un timbre placebo la nuit suivante. Ni les participants ni l’équipe de recherche ne savaient quand les timbres de nicotine ou les placebos étaient utilisés.

Le jour suivant, les participants ont fait de la bicyclette pendant une heure dans un environnement à 20 °C, puis à nouveau dans un environnement à 30 °C. Après chaque essai, les chercheuses et chercheurs mesuraient les températures gastro-intestinale et cutanée des participants. L’expérience a été répétée quatre fois.

Deux participants ont dû interrompre les essais à 30 °C. L’un avait atteint la limite de température gastro-intestinale jugée acceptable par l’équipe, tandis que l’autre a arrêté en raison de nausées et de frissons.

Après l’analyse des différentes mesures liées au flux sanguin vers la peau et au système gastro-intestinal, l’équipe a conclu que la consommation de nicotine augmentait le stress dû à la chaleur, et donc les risques d’épuisement par la chaleur, en réduisant le flux sanguin vers la peau.

M. Mündel souligne que les résultats de l’étude sont pertinents non seulement pour les athlètes, mais aussi pour les personnes qui travaillent dans des milieux où la température est élevée, comme le personnel des forces militaires et les pompières et pompiers, entre autres.

L’équipe a présenté ses conclusions dans un article intitulé « Nicotine exacerbates exertional heat strain in trained men: A randomized, placebo-controlled, double-blind study » (en anglais seulement), publié en ligne le 4 juillet 2024 dans le Journal of Applied Physiology.

L’étude était financée par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et le Programme des chaires de recherche du Canada du gouvernement fédéral ainsi que par l’Agence mondiale antidopage.

M. Mündel indique qu'on lui demande parfois si la consommation de nicotine chez les athlètes devrait être partiellement ou complètement interdite. Il fait remarquer que la nicotine reste dans le corps pendant un certain temps, de sorte qu’une interdiction dans les heures ou les jours précédant une compétition pourrait ne pas être efficace.

Il est essentiel que les athlètes et le public boivent beaucoup d’eau et surveillent leur niveau d’hydratation, insiste-t-il.

Le présent article a été adapté, traduit et publié avec l’autorisation de la Brock University (en anglais seulement).

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