Le réseau PermafrostNet relie une communauté
Jusqu’à ces dernières décennies, les chercheurs pouvaient être assurés que leurs études sur le pergélisol expliquaient bien ce « phénomène de sol gelé », qui comme on le sait s’étend sur le tiers du Canada. Le pergélisol est un sol dont la température demeure égale ou inférieure à zéro degré Celsius pendant au moins deux ans. Les effets des changements climatiques ont commencé à se manifester et ce faisant ils ont ébranlé les certitudes de toute une génération de chercheurs.
Les changements inquiétants qui surviennent dans les paysages naturels rendent encore plus impérative la réalisation de nouvelles recherches. Par exemple, en raison de la fonte du pergélisol dans le Nord, les fosses dans lesquelles les sociétés minières enterraient autrefois les sous-produits issus de leurs activités ne sont plus perçues comme étant des contenants fiables. En 2016, le Dempster Highway, une route du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest qui était autrefois relativement résistante aux effets climatiques, a été sectionné à 14 endroits par des glissements de terrain et des emportements par les eaux. De tels incidents indiquent le besoin non seulement d’autres études, mais aussi d’un plus grand échange d’information entre les chercheurs dans diverses disciplines.
Le réseau PermafrostNet est un nouveau réseau de recherche situé à la Carleton University auquel participent des chercheurs de 12 universités et plus de 40 organismes partenaires, notamment des sociétés industrielles, des communautés autochtones et des organismes gouvernementaux du Canada et de l’étranger. Le réseau PermafrostNet a reçu l’une des deux subventions de partenariat stratégique pour les réseaux accordées en 2019 par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. Le nouveau réseau, qui s’est vu accorder 5,5 millions de dollars, vise à accroitre la capacité du Canada de surveiller et de prévoir la fonte du pergélisol à grande échelle et de s’y adapter. Les partenaires et les établissements participants apportent une contribution supplémentaire de 0,6 million de dollars en espèces et de 4,4 millions de dollars en nature.
Steve Kokelj, chercheur spécialisé dans le pergélisol à la Commission géologique des Territoires du Nord-Ouest, indique « Je considère le réseau PermafrostNet comme ayant le potentiel de transformer la recherche canadienne sur le pergélisol. L’une des caractéristiques du réseau est qu’il favorisera la collaboration entre divers chercheurs et intervenants du Nord. Il peut créer un environnement dans lequel les universités, le gouvernement et les organismes dans le Nord travaillent ensemble à acquérir les connaissances et la capacité requises pour surmonter les défis grandissants liés au pergélisol auxquels font maintenant face les résidents du Nord et auxquels ils seront toujours confrontés dans les décennies à venir. »
Stephan Gruber, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les impacts du changement climatique et l’adaptation dans le Nord du Canada, est le chercheur principal du réseau PermafrostNet. Il indique que l’idée d’un réseau a pris de l’ampleur lors d’un atelier en 2017, où 60 personnes de divers paliers de gouvernement et d’établissements universitaires de toutes les régions du Canada se sont réunies pour déterminer s’il fallait mener de la recherche et améliorer les pratiques dans ce domaine.
Le réseau a depuis obtenu l’appui d’organismes de l’ensemble du Canada. Carolyn Relf, directrice de la Commission géologique du Yukon, affirme que « Le Yukon tient à appuyer la recherche du réseau et à y participer, étant donné que l’adaptation aux changements climatiques constitue une priorité pour le gouvernement du Yukon. La dégradation du pergélisol touche les collectivités et l’infrastructure de tout le territoire, et la possibilité de collaborer à cette recherche accroitra la capacité du Yukon de réaliser la cartographie du pergélisol et de cerner les zones sensibles. »
Une partie du mandat du réseau consistera à former 24 étudiants au doctorat, 17 étudiants à la maitrise, 4 stagiaires postdoctoraux et 16 adjoints de recherche nordique, appuyant ainsi la prochaine génération de chercheurs, de praticiens et de décideurs politiques. Aujourd’hui, le réseau inclut des chercheurs de la University of Alberta, de la University of Calgary, de l’Université Laurentienne, de l’Université de Montréal, de l’Université d’Ottawa, de la Queen’s University, du Collège militaire royal du Canada, de la Simon Fraser University, de la University of Waterloo et de la University of Victoria. Les organismes participants incluent le Bureau géoscientifique Canada-Nunavut, la Première nation Fort Severn, la Commission géologique du Canada et le gouvernement du Yukon pour n’en nommer que quelques-uns des 40.
Cet article a été adapté et traduit avec la permission de la Carleton University.
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