Améliorer l’efficacité de la reproduction et la gestion du stress chez les génisses d’élevage

Portrait extérieur de Désirée Gellatly, souriant en regardant la caméra. En arrière-plan diffus, on aperçoit 4 vaches brunes au loin, le long d'un mur.
(Crédit photo : Olds College of Agriculture & Technology)

L’objectif principal d’une exploitation vache-veau est de produire un veau par vache par an. Cependant, la voie qui mène à ce succès en matière de reproduction est semée d’embûches liées à divers facteurs, dont la génétique, l’état nutritionnel et le stress — chacun jouant un rôle crucial dans la performance des génisses. La littérature scientifique souligne que les génisses et les vaches plus nerveuses ont tendance à diminuer leur consommation d’aliments, ce qui nuit à leur état nutritionnel. En outre, les animaux nerveux présentent souvent des concentrations plus élevées de cortisol (hormone du stress) en circulation dans le corps. Une augmentation des taux de cortisol suscite des préoccupations quant à la fertilité des femelles bovines.

Une étude approfondie a été menée pendant deux ans par le Olds College Technology Access Centre for Livestock Production (TACLP) chez Neilson Beef, à Stettler (Alberta), sur l’efficacité de la reproduction et l’atténuation du stress chez les génisses d’élevage. Les Neilson offrent aux éleveurs bovins des services d’alimentation des animaux sur mesure et en sont actuellement à leur quatrième année d’offre de services spécialisés visant les génisses d’élevage. L’objectif principal de la recherche était d’évaluer les effets d’une stratégie rentable, appelée accoutumance à la manipulation, sur le niveau de stress des génisses et leur taux de gestation.

« Les éleveurs bovins craignent souvent que le fait de manipuler les animaux plus souvent n’augmente leur niveau de stress. Pourtant, nos travaux de recherche indiquent qu’une gestion régulière et en douceur du bétail peut en fait réduire le niveau de stress et d’anxiété lors d’opérations de routine », explique Désirée Gellatly, chercheuse au TACLP (Olds College).

Conception de l’étude

La première année, 200 génisses croisées Angus âgées de 13 à 14 mois ont fait partie de l’étude. L’état de chair et l’appareil reproducteur des génisses ont été évalués avant l’accouplement, puis les animaux ont été répartis en quatre groupes équivalents. Ces groupes ont été mis dans des parcs d’engraissement distincts pendant environ quatre semaines et deux groupes ont été soumis au même traitement d’accoutumance des animaux tandis que les deux autres groupes ont servi de groupes témoins.

En bref, avant l’accouplement et pendant cinq jours en alternance, une personne connue des génisses est entrée dans les enclos des deux groupes soumis au traitement d’accoutumance. Cette personne a parlé doucement aux génisses en les nourrissant au seau avec une petite quantité d’orge mélangée. Cette méthode visait à amener les animaux à associer les humains à des expériences positives. Par la suite, ces génisses ont été dirigées vers la cage de contention sur trois jours distincts et ont reçu de petites récompenses alimentaires identiques immédiatement après la manipulation. À l’inverse, les génisses des groupes témoins ont été uniquement nourries au moyen d’une distributrice montée sur camion et n’ont pas été accoutumées à la manipulation avant leur accouplement.

La deuxième année, un nouveau groupe de 122 génisses croisées Angus a fait l’objet d’une évaluation identique à celle menée en 2020, selon les mêmes procédures expérimentales.

Mesures d’évaluation

Au cours des deux années, des génisses sélectionnées de façon aléatoire ont été soit exposées exclusivement à des taureaux, soit exposées à des taureaux après avoir été inséminées artificiellement. La concentration de cortisol dans la salive a été mesurée à différents intervalles tout au long de la période expérimentale, jusqu’à environ quatre mois après l’accouplement, le jour du contrôle de la gestation.

Principales conclusions

Les résultats relatifs au taux de gestation des groupes de génisses étaient indépendants des méthodes d’insémination (naturelle ou artificielle). Au cours de la première année, les génisses accoutumées à la manipulation ont présenté une augmentation de 2,23 % du taux de gestation par rapport aux génisses des deux groupes témoins. Au cours de la deuxième année, chez les nouveaux animaux choisis pour l’étude, cette augmentation s’est considérablement accrue pour atteindre 10,84 %. En outre, la deuxième année, l’adoption de procédures d’accoutumance à la manipulation a multiplié par 7,5 la probabilité que les génisses deviennent gestantes.

Dans l’ensemble, les génisses accoutumées à la manipulation ont présenté des concentrations de cortisol beaucoup plus basses que celles des groupes témoins, en raison d’une réduction du niveau de stress lors de leur manipulation.

Avantages pour l’industrie

Après avoir analysé les résultats de l’étude de deux ans, les Neilson ont décidé d’intégrer de façon permanente des protocoles d’accoutumance à la manipulation pour tous les bovins de l’exploitation, de même que pour les génisses de leurs clients. Lors de la dernière saison de reproduction, les Neilson n’ont observé aucune génisse non gestante parmi les génisses qui avaient été accoutumées à la manipulation. En outre, les autres producteurs — dont les génisses avaient été accoutumées à la manipulation dans l’exploitation des Neilson au cours des trois dernières années — ont eux aussi observé un taux de gestation de 100 %. Pour ce qui est du temps à investir, il faut nourrir les animaux au seau et les accoutumer à la manipulation avant leur accouplement. Cependant, M. Neilson a indiqué qu’un groupe de 100 génisses manipulées uniquement par lui et sa femme, Karyn Neilson, ne nécessitait que 15 minutes par séance d’accoutumance. En outre, le couple a souligné que le peu de temps investi à accoutumer leurs animaux en valait bien la peine.

Cet article a été adapté, traduit et publié avec l’autorisation du Olds College of Agriculture & Technology.

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